Je m’appelle Alex et j’ai 31 ans. Deux garçons de 9 et 3 ans. Je vis en région parisienne depuis 2 ans. J’avais tous justes 21 ans lorsque j’ai rencontré le père de mes enfants. J’ai eu une enfance très difficile, j’ai été placée très jeune, après le divorce de mes parents. Ma mère, m’a quasi abandonnée. J’ai donc été autonome très tôt. Pas d’adolescence, pas la chance d’aller à l’école. J’ai été de foyer en foyer en parcourant le tour de la France pendants 12 ans. Puis, à ma majorité, je me suis retrouvée à la rue. J’ai trouvé une place en CHRS et 3 ans plus tard, y ai rencontré mon ex compagnon.

Tout a été très très vite. On s’est rencontré le 15 juin 2002, et comme deux jeunes en échecs, on s’est retrouvé dans une spirale. On « pensait » être fou amoureux, on se disait inséparables, on croyait que rien ne pouvait nous arriver. A peine six semaines plus tard, j’étais enceinte. On s’est trouvé un appartement, et là, ont commencé les disputes. Certaines pour rien, d’autres car sa « pseudo » famille ainsi que la mienne, qui ne se sont jamais vraiment occupés de nous, ont alors décidés de diriger notre vie.

Puis j’ai été hospitalisée pour menace d’accouchement prématuré à 23 SA. J’étais seule, toujours seule, il ne venait pas me voir, il ne prenait pas de nouvelles, avec pour excuse qu’il n’aime pas les hôpitaux ! Il passait tout son temps libre avec ses « copains ». Je pensais que ça changerai une fois notre fils né…  J’y croyais vraiment car cet enfant était désiré ! Puis notre premier fils est né en 2003. J’étais seule, toujours seule. La semaine, il travaillait en déplacement et le week-end, était chez ses copains. J’ai décidé de prendre un appartement seule avec notre fils alors qu’il avait 4 mois. Au début, ça ne l’a pas fait réagir. Puis au bout de 5 mois, il a commencé à prendre conscience qu’il nous perdait.

De là, notre relation s’est fortifiée. Puis, il a commencé à faire des « bêtises » avec ses copains. De là, j’ai vécu les premiers parloirs. Incarcéré pour 6 mois, je faisais 145 kms pour aller le voir toutes les semaines. 145kms retour et ce avec notre fils. Lorsqu’il est sorti, notre couple allait mieux, mais ça n’a pas duré. J’ai fait plusieurs fausse-couches. Et en 2006 une nouvelle incarcération. Sauf que celle-là a duré plus de 2 ans. Je l’ai attendu, pendant ces deux années, je faisais 700 kms par week-end pour aller le voir en emmenant toujours notre fils. Pour moi, il était important de maintenir le lien père-fils. Je travaillais toute la semaine en 3X8, je lui cherchais un travail, une formation. Je faisais toutes les démarches possibles afin qu’il puisse bénéficier d’une libération conditionnelle, au détriment de ma santé. J’ai réussi à la lui obtenir. J’étais épuisée lorsqu’il est sorti. J’ai enfin pu me faire opérer, opération que j’aurais du subir 18 mois plus tôt. J’ai, de nouveau, fais plusieurs fausses-couches. Puis en juin 2008, test de grossesse positif et repos total. On était super heureux, tout allait bien, du moins je pensais et lui me faisait croire que c’était le cas.

Le 31 aout 2008, il rentre d’une soirée d’anniversaire, et m’annonce de but en blanc : « Je me suis tapé une blonde, je l’ai sauté sur la banquette arrière de la voiture… Une vraie chiennasse, … » Je vous passe le descriptif, car oui j’ai eu le droit à tous les détails ! Je me suis alors effondrée. Je ne savais plus quel jour on était, ni même comment je m’appelais.Il est reparti voir ses copains et est rentré quelques heures après. Ma grossesse était à risques, donc j’étais alitée et le grand était resté avec moi à la maison.Lorsqu’il est revenu, je lui ai demandé de prendre ses affaires et de quitter la maison. Il a refusé et s’est installé dans la chambre du futur bébé le temps de se trouver un logement. Il a quitté la maison fin novembre 2008, je vivais donc seule en pleine campagne, avec notre fils, enceinte du deuxième, alitée, sans voiture et vivant avec l’allocation parent isolé. Jamais il n’est venu me soulager, jamais il ne m’a apporté les courses nécessaires pour m’éviter de sortir et faire 15 kms à pieds. Il était heureux avec sa « copine » notre fils me demandait sans cesse pourquoi son papa ne venait pas le voir. Je n’avais malheureusement pas de réponse. Ma DPA était prévue pour le 26 mars 2009. A ma visite du 21 janvier 2009, le gynécologue me dit que ça se maintient et que je peux donc commencer à préparer DOUCEMENT le trousseau de bébé.

Le 23 janvier, je préviens l’école de notre fils qu’il ne viendra pas l’après-midi car on va faire quelques courses pour l’arrivée de son petit frère dont il était déjà très fier. Dans le magasin, j’ai l’impression que ma vessie se vide. Mais un robinet est ouvert et ne s’arrête plus de couler, impossible de le refermer… Je perdais les eaux, je ne le savais pas. JE rentre et appelle la sage-femme qui me dit de me rendre à la clinique le plus rapidement possible car a priori selon ce que je lui ai dit, la fissure datait de 8h du matin. Je téléphone à mon ex compagnon, lui explique. Il arrive et m’emmène à la clinique et repars aussitôt avec notre fils. J’ai eu une césarienne le lendemain à 18h. Complications pour moi, hémorragie, et bébé en réa-néonat. Il me dit alors avoir prit conscience de ce qu’il perdait. Moi trop naïve et trop faible pour me rendre compte de la manipulation, je l’ai laissé emménager avec nous. Quelques mois après, je me rends compte qu’il menait toujours une double vie, et lui demande de quitter une nouvelle fois le domicile. Ce qu’il a fait ! Mais quelques jours après, il débarque avec une remorque et sa copine pour emmener tous les meubles, et la deuxième voiture.

Je me retrouve donc avec deux enfants, dont un nourrisson, sans meubles et sans voiture en pleine campagne. Je déménage pour prendre un logement plus petit, et avoir des commerces plus proches. Et a commencé la torture psychologique et physique. Il débarquait à pas d’heure et emménageait. Puis quelques jours plus tard, repartait. Ça a duré 2 ans. Avec des périodes où il me frappait. A chaque dispute avec sa copine, je subissais son mal-être. J’ai perdu 20 kgs. Je mesure 1m68 et je suis descendu jusque 45kgs. Je ne mangeais plus et ai eu de gros soucis de santé. J’ai prit conscience du mal qu’il nous faisait lorsque c’est mon fils qui avait, à l’époque, 6 ans qui m’a ramassé par terre et a appelé les pompiers car je ne pouvais plus bouger tellement j’étais faible.

En sortant de l’hôpital, j’ai décidé de quitter la région et de m’éloigner, de NOUS éloigner pour notre bien à tous les 3. Impossible de trouver un logement dans une autre région sans avoir de boulot. Impossible de trouver un boulot dans une autre région sans avoir d’adresse…  J’ai cru que l’enfer ne cesserait jamais. Et une nuit, il est venu faire le bazar. J’ai eu si peur que j’ai préparé les valises des enfants ainsi que la mienne. Les garçons se sont réveillés à 8h , la voiture que j’avais réussi à récupérer (une épave qui appartenait à une amie) était chargée avec le stricte nécessaire pour les enfants. Une vielle super 5 remplie au max. Les enfants ont déjeuné, se sont habillés, et on a prit la route. Pour aller où ? ça, bonne question.

Nous sommes allés chez ma « mère » (qui nous a foutu dehors au bout de 2 semaines) et y sommes restés quelques semaines. Le plus petit s’est ébouillanté, hospitalisé à l’hôpital trousseau, j’avais retrouvé du travail, un CDD de 6 mois, et faisait boulot- hôpital, hôpital- boulot. Il a eu une greffe de peau et j’ai eu le droit à une enquête social car j’étais « SDF » ! Le grand en obligation scolaire est retourné quelques mois chez le papa car je ne pouvais l’inscrire à l’école pour la rentrée vu que je n’avais pas d’adresse.  J’ai trouvé une place dans un foyer, un studio de 25 m², j’ai obtenu une place en crèche en un temps record pour le plus petit. Ensuite mon CDD se termine, je me retrouve au chômage, mon grand rentre alors à la maison en mars, retrouve un emploi en CDI dans une société de vacances mais 3h de transports par jour. Donc Crèche + nourrice pour le plus petit. Garderie + école+cantine+étude+garderie jusque 19h et étudiante pour le grand. Donc plus de frais de garde que de salaire.

Ayant un CDI, je finis enfin par obtenir un appartement avec l’aide de la préfecture. En région parisienne, c’est la seule solution. Nous avons vécu plus d’un an en foyer. Nous allons enfin respirer. Que je croyais. Mais, là, leur père, décide de se manifester de nouveau, bah oui, il est de nouveau célibataire et donc me téléphone sans cesse pour me raconter son malheur. Maintenant, nous vivons dans un appartement presque adapté car deux chambres mais si petites que deux enfants ne peuvent pas être dans la même. J’ai donc un coin « chambre » dans le salon.

J’ai obtenu une rupture conventionnelle de mon employeur. Trop de pression, trop de transports, trop de frais de garde, je m’endettais, et ma supérieur hiérarchique me rendait malade, elle m’en demandait de plus en plus et un jour l’école m’a appelé pour me dire que mon fils avait 40° et qu’il saignait de l’oreille. Je leur ai expliqué que je devais donc partir. Et là, c’était la catastrophe, j’en ai prit plein la tronche. La guerre était déclarée.

Maintenant, j’assume seule mes enfants, bosse en intérim et cumule avec mon chômage. Ça me permet de profiter de mes enfants. J’avoue que par moment c’est très difficile, ils me mènent à bout quasiment tous les jours. J’ai du mal à rester calme. Je les aime de tout mon cœur, mais parfois il m’arrive de penser que sans eux, je n’en serais pas là… Je me sens si seule, je me sens dépassée, et j’ai peur de chaque lendemain. J’ai aussi demandé et obtenu une AEMO (Aide Educative en Milieu Ouvert) car avec tout ce qu’il se passe avec leur père, mon grand à quelques soucis de comportement et ne me respecte plus !

Dernièrement, j’ai eu une saisie sur salaire, (mon dernier salaire avec congés payés et indemnité de rupture) de 1856€ grâce aux dettes de mon ex. Je serais remboursée, sauf qu’en attendant, je ne peux manger car ce que je mange, c’est ce que je retire de la bouche de mes enfants… Alors, je fais comme je peux et ne sais jamais si le lendemain ils auront à manger à leur faim…

Mais je les aime tellement. Que je ne peux imaginer vivre sans eux.

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