Bonjour aux mamans célibataires qui comme moi ont eu à vivre de grande difficultés avec le père de leur enfant. On s’en sort, j’en suis la preuve vivante. Dans mon cas, j’étais mariée à un maniaco-dépressif. Mais j’ai mis longtemps avant de le savoir.

Tout avait très bien commencé. J’ai rencontré le père de mon fils dans une réunion d’une association de protection de l’environnement, alors que j’avais 22 ans et encore pleins d’idéaux. Il avait mon âge et semblait sortir d’une mauvaise expérience amoureuse, en fait toutes ses expériences amoureuses s’étaient mal terminées. Notre histoire a connu un début absolument fulgurant, nous étions faits l’un pour l’autre croyons-nous, c’était une évidence. Nous nous sommes mis en ménage seulement quelques semaines plus tard, 2 ans après nous nous mariions et dans la foulée nous avons eu notre fils.

Une personnalité étrange.

Il avait toujours été très autoritaire, et puis aussi assez maniaque pour tout. Un rien l’agaçait. J’étais depuis le début de notre relation refroidie par ces « crises » mais comme elles partaient aussi vite qu’elles étaient apparues pour ne revenir que quelques mois plus tard, je pensais que c’était simplement des hauts et des bas dans notre couple. Et puis au fur et à mesure de notre relation, puis de notre mariage, ces crises ont été de plus en plus présentes, de plus en plus fortes. J’avais pourtant l’intime conviction qu’il ne cherchait pas à me nuire, qu’il ne le faisait pas exprès. Et comme il ne s’excusait jamais de s’être fortement emporté pour un détail de la vie quotidienne ou pour avoir passé des heures au fond de son lit alors que nous recevions des invités, alors je pensais que j’étais responsable de son comportement. Je n’aurais jamais pensé à l’époque qu’il était maniaco-dépressif.

Je me suis retrouvée au bord du burn-out.

J’avais tellement à coeur de réussir notre mariage que je prenais tout en charge à la maison, que ce soit les tâches ménagères, les soins du bébé, la cuisine, l’organisation des loisirs et des vacances … Pendant certaines périodes, il exigeait que je sois toujours sur mon 31 en toutes circonstances, que je lui fasse honneur. Très vite, après un bel épisode dépressif, il a arrêté de travailler pour l’entreprise que nous avions pourtant crée à deux et je me suis retrouvée à tout mener de front et à travailler à plein temps par dessus le marché. Loin de m’en être reconnaissant, il explosait dès que quelque chose lui semblait mal fait (ménage, repas …) et il râlait car par périodes il dépensait plus que mon salaire et que par conséquent nous étions assez souvent à court d’argent. Je me retrouvais à faire des faux en écriture pour combler les trous. Il n’avait aucune empathie pour moi, et à bien y réfléchir il n’en avait pour personne, pas même pour notre fils. Je n’arrivais à lui fixer aucune imite.

En plus pendant certaines de ses crises il avait la bougeotte. Je devais sans cesse le suivre, déménager tous les 6 mois, être toujours prête à sortir, partir à droite à gauche (en vacances, week-ends..).. J’étais épuisée et mon compte en banque prenait un sacré coup à chaque fois. Puis il revenait à la normale, peu de temps. Et puis il partait dans une lente agonie.

3 personnalités.

En fait, je n’avais plus un Sébastien en face de moi mais bien 3. Le Sébastien normal que j’aimais et quand il apparaissais je remettais en cause mon jugement et je culpabilisais, le Sébastien plein de lubies qui vivait à 2000 à l’heure comme un ado et un Sébastien complètement morne et dépressif.

Je sauvais sans cesse les apparences auprès de notre entourage familial et amical. Je lui trouvais des excuses pour tout (de sorte que personne n’a compris le jour ou j’ai enfin osé partir). Jusqu’au jour ou je me suis effondrée devant une vague connaissance, un homme fraichement diplômé en psychiatrie. Cet homme m’a conseillé d’emmener mon mari consulter, il soupçonnait une maniaco-dépression. Je n’avais jamais envisagé que ces crises pouvaient êtres dues à une maladie psychique. Cela expliquerait beaucoup de choses.

Cela m’a à la fois rassurée (il ne le faisait véritablement pas exprès de me faire souffrir) et effrayée (ce n’est quand même pas une mince affaire d’être mariée à un homme malade psychiatriquement).

Il était maniaco-dépressif.

Malheureusement il s’est refusé à consulter plus de deux fois le même psychiatre. Pourtant tous faisaient le même constat et me parlaient de maniaco-dépression. Alors un jour, de guerre lasse, j’ai pris mes affaires, mon fils, et je suis partie. Je n’ai eu aucun mal à obtenir un divorce pour faute. C’était très important pour moi qu’un juge lui remette un peu les pendules à l’heure. Et reconnaisse mon statut de victime de son trouble maniaco-dépressif. Je sais que depuis il a été plusieurs fois hospitalisé car ses crises ne sont pas allées en s’améliorant. Aujourd’hui je suis la maman solo la plus heureuse du monde. Loin de la vie à 100 à l’heure qu’il me faisait vivre. C’est un lourd poids que je porte en moins sur mes épaules.