J’ai rencontré celui qui deviendra mon mari quelques années plus tard, à mes 18 ans tout frais. Il était batteur dans un groupe de rock’n’roll et moi chanteuse, un casting, un regard…et quelques mois plus tard nous habitions ensemble avec son petit garçon de 5 ans à l’époque.

Très vite, nous avons construits notre vie à 3 puis à 4, à 5…puis à 6 ….Oui, j’ai 4 enfants, deux fille de 7 ans et demi et de 14 mois et deux garçons de 6 ans et demi et 3 ans.

Quatre enfants et 8 ans de vie commune, avec des hauts mais surtout des bas. Je l’ai su depuis le tout début de notre relation que mon mari avait un penchant pour la boisson, mais j’étais réellement persuadée de réussir à l’en sortir. Malheureusement, au bout de quelques années, son alcoolisme est devenu visible aux yeux de tous, continuel, créant des problèmes de couple, forcément, mais également au niveau du travail, du relationnel, des amis, de la famille…

Je mentais continuellement à notre entourage, l’excusant de tel ou tel état, justifiant un accident de la route par la perte au sol d’une cigarette plutôt que par un état d’ébriété extrêmement avancé, je refusais de sortir avec lui, et gardais les enfants avec moi de peur de prendre la voiture (je n’ai pas le permis)…Nous vivions en ermite, renfermés et prisonniers de cette addiction.

Mon mari avait une extrême influence sur moi, je n’avais plus de libre arbitre, pas d’emploi car il ne le souhaitait pas, pas de permis voiture car il ne le souhaitait pas, pas vraiment d’amis car ça finissais toujours mal…prisonnière…

En début d’année, nous sommes partis quelques jours en vacances sur une petite île vendéenne où habite une partie de ma famille. Par hasard, mon mari trouve un emploi là-bas et décide d’aller y travailler. C’était en février, il partit en mars me laissant moi et les enfants dans notre petit village breton. Très vite, je me suis organisée, j’ai contactée les services sociaux pour demander de l’aide pour aller rejoindre mon mari là-bas avec les enfants, rempli des dossiers de demande de logement, contacté les agences immobilières, écumé les petites annonces de location…

Un jour, un mardi il me semble, l’assistante sociale qui s’occupait de notre dossier passe à la maison et m’annonce qu’elle pense nous avoir trouvé un logement. La joie que j’aurais dû ressentir ne fut pas. J’ai éclaté en sanglots, je me suis rendu compte que je ne souhaitais pas retourner dans ce contexte d’oppression, de soumission, que je pouvais plus supporter tout cela… Et toutes ces années ont littéralement explosées ce jour-là dans mon salon, devant une assistante sociale sidérée. En l’espace de quelques minutes j’ai avoué ma situation, mes craintes, mes peurs, entrecoupées d’anecdotes  que je ne saurais dénombrer, plus je parlais plus je me sentais libérée, moins lourde, c’est difficile à expliquer, mais ce fut mon déclic. Moi et les enfants, nous resterons ici.

L’assistante sociale me pris immédiatement sous son aile si je puis dire (je ne pourrais jamais assez la remercier), engagea les procédures avec les institutions, mis en route extrêmement rapidement les déblocages d’allocation pour les enfants, me conseilla, elle me soutint à partir de ce jour-là…et encore aujourd’hui.

Tout cela se passa très vite. Mon mari partit début mars, la « fameuse maison » fut trouvée mi-mars, et nous nous séparions le 1er avril.

Il faut savoir que pour compliquer la situation, mon mari habitait à l’époque chez mon oncle et ma tante sur cette île, puisqu’en recherche de logement. Forcément, cela créa et crée encore énormément de problème entre ces deux personnes qui tiennent une place importante dans mon cœur et moi.

Mon mari ne sachant comment justifier cette séparation, leur expliqua que j’avais tout simplement « trouvé » quelqu’un d’autre, que j’étais une femme infidèle et qu’il était donc, le pauvre mari bafoué… Et ils l’ont cru…

Le 05 avril, j’autorise mon mari à venir dans notre ancien chez nous pour qu’il puisse voir les enfants. Moi, je m’éclipse pour le weekend end. Lorsque je reviens le dimanche, il me questionne sur mon weekend end, je ne ressens aucune envie de me justifier de quoi que ce soit, nous sommes séparés de fait, je ne lui doit aucune explication, pour la première fois je lui fais front. Il m’entraîne dehors dans la rue, et lève la main sur moi (…) Est ce que je me « taisais » car je sentais que c’était le genre de chose qui aurait pu arriver, si je replonge dans mes souvenirs, n’y ais je pas échappé de justesse une fois ou deux? (…)

Ma petite sœur arriva car je l’appelais en panique, ce qui le « fit fuir ». Le lendemain constat des marques par un médecin, moment très difficile mais indispensable.

Il resta donc là-bas, et y est encore aujourd’hui.

Je me retrouve donc toute seule avec mes 4 enfants, sans emploi, sans permis de conduire, avec pour tout seuls revenus les allocations de la CAF mais avec une pêche fabuleuse, les poings devant, gare à celui qui tenterais de nous couper le chemin vers notre nouvelle vie.

Un joli coup de chance, on me propose une maison à louer dans le même petit village, quelques rues plus bas que notre ancien logement, je saute sur l’occasion de payer un peu moins cher de loyer et d’offrir à mes enfants un lieu neutre et vide de souvenirs. En mai je déménage donc, cahin-caha aidée seulement de mon papa et d’un ami, beaucoup d’affaires sont restées à l’ancien logement par manque de main d’œuvre, mais peu importe en fait, nous redémarrons tous les 5 dans notre nouveau cocon.

Peu de temps après notre séparation, je rencontre quelqu’un…ou plutôt les relations amicales que j’entretenais avec un ami se sont vues évoluées de façon positivement différente. J’apprends soudainement ce qu’est la douceur, l’écoute, le partage, le respect et plus d’une fois les larmes me montent aux yeux, je comprends enfin que la vie peut être tout simplement belle… … Relation « cachée » car nous souhaitons protéger nos enfants respectifs, mais pleine d’espoir, affaire à suivre …

Mes enfants sont souriant, heureux, ils vivent comme seuls des enfants savent le faire, à 100% et plus encore. Malheureusement leur papa ne les prend que rarement, une fois tous les deux mois approximativement. Ils en souffrent, le contraire serait mensonge, mais nous en discutons souvent, et dès qu’ils ressentent le besoin de contacter leur Papa ils peuvent lui téléphoner.

Deux petits bémols également, le papa de mes z’amours refuse de payer une pension alimentaire pour eux, prétextant que je n’avais qu’à ne pas le quitter, et le pire, ma petite dernière, mon joli bébé de 14 mois qui n’est jamais prise par son Papa, il l’a vu 10 minutes depuis notre séparation, il refuse de la prendre car il dit qu’elle est trop petite, et sur ce point-là, honnêtement je ne sais pas vraiment comment réagir, alors je l’a couve 1000 fois plus, je l’avoues…

Financièrement, le début du mois est le 05, la fin le 10 avec de la chance. Il faut être réaliste, être maman solo avec 4 petits bouts sans emploi, c’est vivre avec des ronds de carotte et apprendre rapidement la débrouille pour s’en sortir, mais CE N’EST PAS IMPOSSIBLE. Aux mamans qui craignent de se retrouver toute seule, sachez que rien n’est impossible lorsque l’on s’en donne les moyens, que le premier pas est le plus difficile mais que les suivants suivent comme par automatisme, que la galère sera votre quotidien, mais qu’il vous semblera si peu à côté du bonheur de vos enfants…et du vôtre…

Aujourd’hui j’ai 28 ans, je suis criblée de dettes anciennement commune, je ne peux pas offrir à mes enfants tout ce qu’ils souhaiteraient, je suis en plein dans une procédure de divorce qui s’annonce conflictuelle et longue, un partie de ma famille m’a carrément « zappé », je n’ai pas de travail, même pas de permis de conduire, je vis dans un village pommé en Bretagne sans transports sans commodités indispensables pour vivre (grandes enseignes, banques etc…),  j’assumes seule mes 4 petits anges avec tout ce que cela comporte de craintes et d’angoisses , mais j’y suis arrivé, nous y arrivons, rien n’est impossible, croyez moi.

Je profites de ce témoignage pour  remercier mon Papa, qui à été présent dès le début et encore aujourd’hui malgré nos relations conflictuelles, sans qui honnêtement je ne m’en sortirais pas, également mes amies, Mel et Laëtitia, je dois vous dire à quel point votre soutient me touche et m’est indispensable, je remercies aussi deux personnes de mon petit village qui ne jugent pas et qui sont toujours prêts à donner un coup de main sans jamais poser de questions, je remercies ceux qui m’ont aidé à ouvrir les yeux sans pour autant m’y forcer, je remercies ceux et celles qui sont venu vers moi lorsque je croyais être seule, je remercies celui qui me réapprends tout doucement à respirer et qui supporte mes coups de déprime de plus en plus rare mais présents, je remercies de tout cœur tout ceux/celles qui ont été là et qui le sont toujours…

Et je remercie mes enfants, parce qu’ils sont ma force et mon courage de tous les jours…………