Je m’appelle Anne-Laure et j’ai divorcé voila un an. Me voila donc mère célibataire. Le jour de mon divorce, mon ex mari m’a bien dit que nos enfants ne seraient plus que les miens. J’ai bien tenté de le faire changer d’avis mais rien n’a fonctionné. Et puis je me suis prise progressivement à voir les choses différemment.

  • J’ai deux beaux enfants d’à l’époque 5 et 10 ans qui n’avaient jamais beaucoup voyagé car mon mari était dirions nous très « économe » et ne nous a jamais permis de dépenser de l’argent en vacances.
  • Mon grand garçon a toujours eu des problèmes d’intégration à l’école. C’est un garçon un peu réservé et très rêveur. Nous vivons en banlieue parisienne et l’école du quartier est une école ou les enfants le dépassent de deux têtes, ne partagent pas les mêmes intérêts que lui (astronomie, robotique…) .
  • J’ai arrêté de travailler pour la deuxième fois avec la naissance de mon dernier et je n’ai jamais réussi à me remettre réellement au travail. Signe qu’il était probablement temps d’envisager une reconversion.
  • J’ai mis beaucoup de temps avant de divorcer. La vie avec mon ex était pourtant invivable mais j’avoue avec honte aujourd’hui que la principale chose qui me retenait c’était la crainte de me retrouver mère célibataire, enfermée dans un quotidien monotone et difficile, avec deux jeunes enfants.

Un jour, mon fils cadet est rentré avec une grosse bosse sur le front. Un petit camarade lui avait asséné un coup de chaise sur la tête. Cela faisait plusieurs fois qu’il rentrait tremblant à la maison, mordu ou blessé. Le grand aussi perdait de sa joie de vivre. Nous étions au mois de mai et il m’est soudain apparu comme une évidence que notre vie actuelle ne convenait à personne.

Alors sans trop réfléchir, j’ai pris des billets d’avion sur Internet pour Kuala Lumpur en Malaisie. Nous avions un peu d’argent de côté. Nous nous y sommes installés pour 3 mois, puis nous sommes rentrés en Europe pour une histoire de Visa. Mais depuis nous ne nous sommes plus vraiment arrêtés. Angleterre, Espagne, Ecosse, Pays-Bas… Nous déménageons tous les ans.

Dans chaque pays ou nous nous arrêtons, les enfants suivent les cours du CNED en français car si le père se réveille, nous sommes susceptibles de rentrer en France à n’importe quel moment. Ils n’ont à ce jour aucun retard scolaire. Et ils vivent une expérience absolument formidable et moi aussi. Ils ont aujourd’hui des copains dans tous les ports avec lesquels ils restent en contact via Internet.

Comment nous vivons? Je garde des enfants dans les pays ou nous allons, je donne des cours de français, je vends de petits bijoux en ligne… Nous avons revendu notre maison en France aussi. A ce train la, nous pouvons vivre encore quelques années au gré d’ou le vent nous porte, puis il faudra songer à rentrer et à mener une vie plus conventionnelle. J’appréhende beaucoup car aujourd’hui je suis la mère célibataire que j’ai rêvé être.