Je suis une mère seule qui ressent un immense sentiment de satisfaction depuis que je vis sans le père de ma fille, un pervers narcissique. Evidemment il y a eu des étapes. Je donnais tellement de mon temps et de mon énergie pour lui ! Ca a été d’abord ressenti un grand vide pour moi quand nous nous sommes séparés. J’ai douté de moi, je l’avoue.  Je ne vivais que pour lui et par lui. J’ai pensé que j’avais eu tort de l’avoir quitté. Mais aujourd’hui je ne doute plus et j’ai retrouvé la paix intérieurement.

Mon ex, notre vie ensemble.

Mon ex était un type d’apparence bien sous tout rapports. Il était avocat, avait son propre cabinet. Et tout notre entourage l’aime car il parait droit, généreux, attentif et sympathique. La vérité est toute autre, comme avec n’importe quel pervers narcissique.

Avant que je ne tombe enceinte de Léonie, ça avait déja commencé mais je me refusais de l’admettre. Il me dévalorisait sans arrêt en privé. Au point que je ne travaillais plus, ni ne suivait mes études, j’étais trop nulle pour ça. Il disait que je n’allais lui rapporter que des ennuis venus de l’extérieur. J’étais pourtant une brillante étudiante. Mais étudiante en histoire, je n’attirais que son mépris.

Le fait que je changeais souvent d’avis sur la manière dont je voulais orienter ma vie était pour lui une preuve supplémentaire de mon instabilité. En fait, je n’avais que 20 ans (et lui 30) et comme beaucoup de jeunes adultes, je me cherchais encore. Je ne faisais pas non plus correctement le ménage et la cuisine. Mais comment aurais-je pu? J’étais encore très jeune et j’avais d’autres aspirations. Il inspectait mes vêtements aussi à la recherche de tâches ou de trous. S’il en trouvait, j’étais une souillonne.

Il me disait que ses amis me détestaient et s’inquiétaient pour lui. J’ai eu l’occasion de m’en rendre compte par la suite. Mais c’était parce qu’il leur disait du mal de moi et déformait l’histoire de notre vie devant eux. Il leur disait que je profitais de son argent, que je faisais des dettes ou que je les prenais de haut. Ou encore que je lui attirais des problèmes.  Ses parents ont suivi. Son père ne supportait même plus de rester dans la même pièce que moi quelques minutes. Sa mère me regardait d’un air torve et disait du mal de moi à ses amies. Tous me faisaient des réflexions désobligeantes. C’était moi le pervers narcissique ou la perverse plutôt.

La contraception/ ma grossesse qui n’était qu’a demi planifiée.

Il était contre la contraception qui (selon-lui) me rendait hormonalement encore plus instable que je ne l’étais psychiquement. Inévitablement je suis tombée enceinte à 23 ans. J’ai appris plus tard qu’il avait dit à sa famille et à ses amis que je lui avais fait un enfant dans le dos. Mais grand chevalier, il assumerait. Avec moi le discours était différent: il était très heureux de ma grossesse, même s’il aurait pu choisir meilleure mère pour son bébé. Mais il espérait que j’apprendrais ainsi à cuisiner, à m’occuper de la maison. Et ainsi, je serais enfin « à la maison pour quelque chose ».

Pendant ma grossesse, il a été au petits soins devant notre entourage et odieux en privé. Si je vomissais, je devais le faire « avec classe » et au moins attendre qu’il soit parti travailler. Quand j’étais fatiguée, la grossesse n’était pas une maladie et je faisais du cinéma. Et lorsque j’avais faim, c’est que ça faisait longtemps que je n’étais pas montée sur une balance. Il voyageait seul avec ses amis et leurs compagnes pour les vacances ou les week-ends. Je n’avais pas le droit de l’accompagner « dans mon état », même lorsque je n’étais enceinte que de quelques semaines. Il comparait l’ovale de mes seins à celui des compagnes de ses amis sur les photos prises à la plage.

La naissance de Léonie

Léonie est née un beau jour du mois de mai. Mon ex a choisi le prénom ne me laissant aucune possibilité de discussion. Il m’a dit le jour de sa naissance alors que nous étions dans ma chambre que c’était un beau bébé qui n’aurait jamais la chance de voir ses parents mariés. Il m’a clairement dit qu’il ne m’épouserait pas. Puis il est parti fêter la naissance avec ses amis et je n’ai plus eu de nouvelles de lui pendant 24heures.

Pendant la première année, il m’a tenue pour responsable de tout ce que Léonie ne faisait pas. Si Léonie ne parlait pas, c’était parce que je la « saoulais de paroles inutiles ». Léonie ne dormait pas jusqu’à 9 heures le matin le week-end à cause de moi. Léonie était trop comme si, trop comme ça.

Selon lui, je m’occupais trop de ma fille. En fait, je n’ai jamais compris cet argument. Et surtout si je me suis autant focalisée sur elle, c’est parce que j’étais vraiment seule dans ma maison. Il n’était jamais là. Je le soupçonnais avec raison d’avoir des maitresses.

Ma fille a su lire à 4 ans. Mais ça bien sûr c’était grâce à son père qui pourtant passait très peu de temps avec elle et s’en occupait peu.

Par contre elle a toujours eu peu de cheveux. On la prenait souvent pour un garçon. C’était parce que j’étais laide.

Je ne peux pas dire que ma fille était élevée dans les cris. C’était même plutôt moi qui criait. Lui me menait une guerre psychologique sans merci, avec froideur.

Le déclic.

Un jour, une de mes amies de fac est venue passer une bonne semaine à la maison. Elle avait été étudiante en Erasmus et ça faisait longtemps que nous ne nous étions pas vues. J’appréhendais beaucoup sa visite car je savais que mon pervers narcissique de conjoint ne l’aimerais pas. C’était une femme très libre et très ambitieuse. Elle voulait devenir diplomate.

Les premiers jours, ça a été la joie des retrouvailles. Puis, celui qui était mon conjoint voulait la pousser vers la sortie de notre maison. Il a donc invité sans arrêt ses amis et ses parents à la maison. Mon amie a vu le mépris que tout le monde me portait.

Un soir, elle est venue me voir en m’annonçant son départ anticipé de la maison. Elle ne supportait plus l’ambiance qui y régnait. Elle m’a conseillé d’en faire autant. Alors j’ai craqué et j’ai vidé mon sac. Je lui ai dit que je n’étais pas à la hauteur de mon conjoint, que je craignais la réaction de notre entourage si je le quittais. Tout le monde allait probablement sauter de joie et ouvrir le champagne (je ne m’étais pas trompée la dessus). Je voulais prouver devant notre entourage que mon ex était responsable de nos problèmes. J’espérais qu’il meure dans un attentat, ou que je gagne au loto, ou que quelqu’un vienne me chercher et m’emmène loin. En fait, je comptais sur la vie pour me débarrasser de lui. Parce que j’étais incapable d’agir, comme beaucoup de femmes aux prises d’un pervers narcissique.

Tout est bien qui finit bien.

Un jour j’ai lu des articles sur Internet parlant de la perversion narcissique. J’ai réalisé alors ce que j’avais subi auprès de cet expert en manipulation mentale. Et a quel point j’avais culpabilisé juste d’être moi et d’exister. J’en avais plus rien à faire d’être la fautive de l’histoire.J’ai pris quelques affaires et je suis partie me réfugier chez ma soeur. Elle aussi avait vécu avec un pervers narcissique et cela nous a rapproché. J’ai aussi consulté une psy, pendant presque quatre ans. Nous avons tout mis à plat: mes failles, mes fêlures, mon histoire de vie. J’ai enfin compris pourquoi je suis tombée dans le piège de la manipulation mentale. Depuis, je suis devenue membre d’une association ou nous écoutons les victimes de pervers narcissiques, entre autres. Et j’ai retrouvé l’amour.

Je sais maintenant ce que c’est que d’être aimée pour ce que l’on est. Et ma fille grandit aujourd’hui dans un foyer plein d’amour, avec ses deux petits frères.