Je ne sais pas combien de mois ou d’années a pris le processus au terme duquel j’ai décidé de quitter le père de mes enfants. ? Je ne le sais vraiment pas. Mais je suppose que je me suis laissé faire très longtemps. Durant combien de mois ou d’années j’ai été délaissée? Cela faisait combien de temps que nous nous disputions quotidiennement pour des broutilles? Je ne le sais pas.  Je suppose que je me suis laissé tomber dans le vide pendant longtemps.

Ma vie peu enviable de femme mariée.

Mon compagnon me jugeait acquise et ne fournissait aucun effort envers moi. Il ne m’aidait absolument pas dans la vie quotidienne. Son manque d’intérêt pour la famille m’a forcée à devoir m’occuper de tout ce qui devait âtre fait dans la maison de manière absorbante. J’étais devenue un robot, actif de 6h à 23h. Je me sentais humiliée au quotidien. Cela a duré pendant des mois, peut-être même plus longtemps. Il a fait semblant que nous étions un couple uni en riant lors des dîners familiaux. En étant un père qui offrait des câlin et des baisers à ses enfants dès qu’il y avait du public. Nous avons dans la plus grande hypocrisie célébré nos anniversaires, Noël, pris des décisions d’avenir en commun. Alors que nous savions tout deux que nous ne voulions pas y faire face.

Mais il avait un froid entre nous. Et certains commerçants du quartier pensaient déjà que j’étais maman solo. Car il est vrai, j’étais toujours seule, avec un mari aux abonnés absents. J’étais d’ailleurs la seule à participer aux kermesses et aux spectacles de fin d’année des enfants. La seule à les emmener chez le médecin. La seule à prévoir les vacances. Mon mari ne me regardait même plus et nous n’avions plus de rapports intimes depuis au moins 12 mois.

Le déclic qui m’a fait prendre la décision de quitter le père de mes enfants.

J’avais beaucoup de ressentiment envers le père de mes enfants. Hormis le fait que j’étais devenue invisible. J’avais avorté, à contre coeur il y a quelques années de mon 3ème enfant. Je voulais devenir mère une troisième fois, il ne le voulait pas. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire à quel point je lui en ai voulu. Et à quel point je lui en veux encore. Il m’avait mis énormément de pression à l’époque.

Je ne supportais plus sa famille et sa manière de s’ingérer dans nos affaires. Manière qui le déresponsabilisait car conforté dans sa position de petit garçon, il n’assumait pas d’être devenu un adulte. Un adulte avec la responsabilité partagée d’une famille.

Je ne supportais plus de devoir assumer toutes ses obligations professionnelles (diners, déplacements, invitations) alors que j’avais du saborder ma propre carrière. Pour qu’il puisse mener la sienne qui est très contraignante et empiète sans cesse sur la vie familiale. Alors même que je suis plus diplômée que lui. Et que j’avais fait en sorte que mes diplômes russes soient reconnus en France. J’étais devenue nourrice, en ayant des diplômes d’ingénieur. Je ne l’avais jamais réellement accepté.

A la fin je ressassais tout cela des nuits entières et je souffrais d’insomnies. La fatigue se lisait sur mon visage. Un jour ou j’avais dès le matin l’estomac plus serré que d’habitude, car mon mari était rentré tard dans la nuit sans me prévenir,  il m’est apparu comme une évidence que je devais quitter le père de mes enfants.  Je ne sais pas d’ou m’est venu le déclic exactement.

L’annonce.

Le soir venu (ou plutôt la nuit, il était 23heures), nous avons eu une conversation de 20 minutes seulement. Prononcée dans un ton familier et sans émotion. Et j’ai enfin libéré ce qui me pesait sur le coeur « Je ne t’aime plus. C’est fini. Je ne suis restée qu’à cause d’une promesse. Et pour les enfants « . C’est ainsi que j’ai réussi à quitter le père de mes enfants. Avec un grand froid dans le dos.

En raison de ma personnalité, j’ai quand même parlé de vouloir sauver notre mariage.

Il n’a pas voulu faire d’efforts pour sauver notre mariage. Et m’a rejetée l’entière responsabilité de notre échec. Mais sans pour autant être clair quant aux griefs qu’il avait contre moi. J’ai eu droit à d’énigmatiques « tu es parfaite, toi? ». Mais il n’a jamais voulu m’en dire plus quant à ce qu’il me reprochait. Ni au moment de la séparation, ni pendant les années qui suivirent.

Il voulait attendre pour le dire aux garçons. Il voulait rester dans la maison pendant quelques mois, maintenir un «ménage intact». C’est un déni. Je lui ai dit que non. Qu’il n’avait pas l’intention de donner une seconde vie à notre mariage. Et que donc, les choses devaient êtres claires pour tout le monde dès que possible. Je veux que mes enfants se sentent en sécurité chez eux, en paix. Et je veux que nous soyons heureux, séparément.

Au cours des 48 heures qui suivirent, j’étais tremblante d’émotion. Il y avait le choc d’avoir enfin pris la décision de quitter le père de mes enfants. La peur, la tristesse, la colère, le regret, le soulagement et aussi l’épuisement. Comme si je venais de mener un combat de boxe.

Je me suis alors consacrée nuits et jours au travail.

J’ai décidé de quitter le père de mes enfants parce que je voulais avoir une vraie vie a moi. Pas seulement professionnellement, d’ailleurs. Mais cela a été la première étape. J’ai commencé à travailler en tant que rédactrice pour le web. Les personnes avec qui je travaillais sont un peu devenus ma famille virtuelle. Ce sont ces personnes qui m’ont encouragée a envoyer un roman que j’avais écris pendant mon mariage. Une heure par jour, devant mon café, avant que la maison ne se réveille. Ce roman est écrit dans ma langue maternelle, le Russe.

Un matin. j’ai reçu un email d’une maison d’édition qui a accepté ce roman que j’avais soumis il y a quelques semaines. En raison des vacances, ce mail m’est arrivé tard. je pensais qu’il avait été refusé.

Depuis, j’attend que mon livre soit publié et je contribue mensuellement à tout un tas de journaux et de magazines en ligne. Souvent en Russe, parfois en français. Je télétravaille toujours beaucoup ce qui me permet de rester auprès de mes enfants. Ils voient leur père régulièrement et je vois un autre homme. Je verrais avec le temps ou tout cela nous mènera.

Pour aller plus loin, lisez le témoignage d’autres mamans solos.