Bonjour, je m’appelle Aurélie et j’ai été une maman ado. Aujourd’hui j’ai 32 ans et je suis maman de 3 enfants dont un qui me dépasse déjà d’une tête et dont je suis très proche. Souvent pour plaisanter, nous disons que nous pourrions aller en maison de retraite ensemble. Je vais vous raconter mon histoire de maman ado.

Découvrir que j’étais enceinte à 16 ans n’a pas été pour moi une énorme surprise. Je savais quand même d’où venaient les bébés. Je sortais un peu. Et j’avais des aventures, comme beaucoup d’autres ados. Je vivais dans une petite ville française de campagne. Jolie au demeurant. Mais tellement ennuyeuse pour une ado de mon âge !

J’ai souffert durant toute mon adolescence d’une mauvaise estime de moi. Je pensais que je n’étais pas digne d’interêt. Et j’étais prête à faire beaucoup de choses pour attirer l’attention sur moi. Comme le fait de perdre ma virginité de manière précoce.

Enceinte à 16 ans.

Quand j’ai découvert que j’étais enceinte à 16 ans, ça n’a pas vraiment été un choc pour moi. J’étais en réalité étrangement ravie et sereine. Je sentais instinctivement que je serais une bonne mère et que tout irait bien. Enfin, j’ai eu une bonne raison d’aller de l’avant et de vouloir réussir ma vie.

Je savais que la grossesse chez l’adolescente n’est pas considérée par les gens en général comme étant la meilleure idée du siècle. Mais j’allais prouver à tous que je saurais faire. Et que je ne tomberais pas dans le piège où tombent tant d’autres parents adolescents. J’allais continuer mes études. Et mieux que ça, j’allais les réussir.

Mes parents, bien sûr, ont ressenti beaucoup moins d’enthousiasme que moi. Mais ils m’ont fait confiance. En avaient-ils le choix? J’allais devenir une maman ado et il fallait qu’ils se fassent à cette nouvelle réalité.

J’ai brusquement changé, j’ai mûri.

Autant que j’avais été irresponsable avec moi-même pendant toutes mes années d’adolescence. Autant, je n’avais aucune intention d’être irresponsable en tant que mère avec mon bébé.

Au lycée, j’ai caché le plus longtemps possible ma grossesse en portant des vêtement amples. C’est incroyable ce que j’ai pu la cacher longtemps. Presque jusqu’au bout.

Tommy est né en août, un très beau bébé de 3 kilos avec d’immenses yeux bleus. Toutes les mamans sont fières de leurs bébés. Mais moi quand je parlais avec fierté du mien, je me sentais jugée. On me prenait pour une pauvre fille. Beaucoup de mes amis de l’époque m’ont alors tourné le dos. Je n’étais plus assez bien pour eux.  Mes professeurs me regardaient avec contrition. Les voisins chuchotaient sur mon passage. Et mon fils était considéré comme « un petit malheureux de plus » par la vindicte populaire. J’étais déterminé à leur faire changer leur avis. Le fait d’être une maman ado ne signifie absolument pas que l’on est une imbécile.

Avoir mon bac et aller à l’université – ma première victoire de maman ado.

J’ai été admise ensuite à l’université. Je crois que j’ai été d’autant plus fière que certaines de mes anciennes amies qui m’avaient prédit le pire des avenirs ont du redoubler. Car le bac, elles, elles ne l’avaient pas eu. En fait, je n’aurais pas pu être plus fière de ma situation à ce moment là. Tommy avait alors 1 an et demi.

J’ai loué un appartement dans un quartier, à quelques minutes à pied de ma fac. Pendant toute l’année, j’ai du faire un détour par la crèche avant d’aller en cours. Heureusement, la crèche n’était pas bien loin non plus. J’ai eu mon bac peu avant mes 18 ans. Et donc je n’avais pas de permis de conduire non plus.

Bien sûr financièrement cela a été difficile. Je devais toujours compter mon argent et faire très attention à tout. Mais mes parents me versaient un peu d’argent. Mon père qui en gagnait beaucoup m’en donnait peu. En revanche ma mère qui en gagnait peu m’en donnait beaucoup. Je lui serais toujours reconnaissante pour cela. J’ai aussi eu une bourse. Et je travaillais un peu à côté de la fac en revendant mes travaux universitaires sur Internet.

Quant à la crèche située à proximité de la fac, ils étaient plus habitués à s’occuper des enfants de conférenciers et d’autres membres du personnel de la fac. Mais ils ont toujours étés adorables et conciliants avec moi.

Mes années étudiantes de maman ado.

J’ai essayé de cloisonner ma vie d’étudiante et ma vie de maman ado. Je sortais un peu avec les autres étudiants le soir quand quelqu’un de ma famille pouvait garder Tommy. C’était rare car ma famille habitait loin de la ville ou je poursuivais mes études. Mais parfois ils venaient nous rendre visite un week-end. La majorité de mon temps libre je le passais donc avec Tommy à aller au parc ou à faire des travaux manuels. C’était mieux ainsi. Je n’étais pas l’étudiante la plus en vogue de la fac mais j’ai vu mon fils faire ses premiers pas et dire ses premiers mots.

Tommy fréquentait souvent les bibliothèques de l’université et de ma ville avec moi. C’était un peu la mascotte de la bibliothèque. Parfois, j’allais dans les rayons politique avec une poussette pleine de livres et de jouets pour bébés. Tommy adorait jouer à cache-cache dans les allées.  Tommy était un merveilleux compagnon lors de mes années d’études universitaires.

Et enfin, mon diplôme.

Au bout de 5 ans d’études et de pas mal de galères qu’il serait long d’énumérer, j’ai fini par avoir mon diplôme. Tommy était un grand garçon de 6 ans.  Je suis allée me faire remettre mon diplôme avec lui. Je ne sais pas de quoi j’étais le plus fière à ce moment là. J’ai été la seule étudiante diplômée avec un enfant cette année là dans ma fac.

Je n’aurais pas échangé mon expérience de maman ado étudiante pour rien au monde. Mon ambition a découlé de mon désir de lui donner les meilleures chances possibles dans la vie. S’il n’avait pas été la, aurais-je seulement poursuivi mes études?

J’ai vraiment grandi pendant mes années d’études. Et je suis contente de l’avoir fait avec Tommy.

Aujourd’hui.

Tommy est maintenant un ado formidable. Nous vivons désormais avec un homme que j’ai rencontré dans mon premier emploi. Et avec qui j’ai eu deux petites filles. Tommy est un adolescent intelligent et articulé. Il est un très bon orateur, un excellent lecteur et il joue du piano avec talent. Nous sommes très liés.

J’ai pu prouver que, malgré le fait d’avoir été une maman ado, je ne suis pas stupide. J’ai réussi à suivre d’excellentes études. Et j’ai aussi élevé un enfant que j’ai eu à 16 ans.

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