Cette grande aventure a commencé le 5 mai 2011, le jour où j’ai rencontré le papa de mon fils. Cela faisait deux ans que je n’avais eu aucune aventure amoureuse avec un homme, pas même de « coup d’un soir », rien du tout. J’avais décidé de partir dans le sud de la France pour changer de vie.

Après donc deux ans de célibat, j’ai rencontré le papa de mon loulou et j’ai craqué totalement pour lui. Un peu trop fêtard à mon goût, mais bon ce n’était alors qu’une amourette de saison…Nous passions notre temps soit à travailler, soit à dormir ou encore, à aller bronzer sur la plage. Il picolait tous les soirs. Nous nous sommes souvent disputés à cause de ça. Mais comme je pensais rompre après la saison, autant profiter des bons moments de manière insouciante …

Enfin c’était ce que je pensais, à l’époque… Le 16 mai nous terminions la soirée ensemble de la plus belle des manières… Etant sous pilule et puisque nous avions utilisé un préservatif, pas de problèmes. Et pourtant, au bout de 4semaines, des nausées me prennent. Je préparais le petit-déjeuner des clients de l’hôtel (œufs, bacon, saucisses), pas évident avec de telles nausées ! Au départ, j’ai pensé avoir attrapé une gastro (d’autre cas de gastro parmi mes collègues).

Le 31 mai, j’ai acheté un test de grossesse car, malgré mes règles régulières, je ressentais des symptômes de grossesse: nausées, douleurs dans la poitrine, fringales…

J’ai effectué le test à 1heure du matin et il était positif. Le résultat s’est affiché en 10 secondes. Le test mentionnait: +3semaines…
J’ai prévenu le papa de mon bébé qui a préféré aller poursuivre sa soirée alcoolisée plutôt que de rester avec moi, ce soir-là…
Pendant près d’une semaine, tous mes collègues de travail m’ont dit que j’étais folle de vouloir garder le bébé d’un homme comme ça. Certains ne m’ont pas crue. Mais je voulais lui laisser une chance, une chance de former une famille heureuse…

J’ai passé une échographie la semaine d’après,  j’étais à 5 sa…
à la 7 sa j’ai eu des contractions toute la journée et j’ai perdu un petit peu de sang… Direction l’hôpital qui a évoqué un risque de fausse couche. Je devais arrêter mon travail 15 jours, mais mon patron m’a dit que si je m’arrêtais, je ne serais plus logée (car j’étais logée gratuitement par mon employeur).

J’ai donc appelé mes parents et j’ai été contrainte de  leur annoncer trois nouvelles importantes en moins de 5 minutes : j’ai un petit-ami, je suis enceinte de lui et je dois rentrer à la maison. Je suis donc rentrée chez mes parents, seule pendant que le papa de mon fils restait dans le sud pour travailler et pour ne pas perdre son droit au chômage quand son contrat se terminerait. Pour mes parents, ma grossesse a été vécue comme une catastrophe. Tous les jours, jusqu’à ce que le délai de l’avortement soit passé, j’avais le droit à des remontrances:  » tu vas te retrouver mère célibataire, avorte » ou encore  » tu vas gâcher ta vie pour un caprice de gamine trop gâtée”. J’ai tenu bon, face à ma famille…

Mon ventre s’est arrondi rapidement, à tel point que la sage-femme a cru à des jumeaux, malgré qu’à l’écho du premier trimestre, on n’avait vu un seul bébé. Une écho de contrôle a donc été effectuée. Nous avons vu juste une grosse poche de liquide et un bébé de taille normal. Ouf, un soulagement dans ma situation ! J’ai appris par inadvertance que j’attendais un petit gars. L’échographe a gaffé car dans mon dossier il était noté que je voulais attendre le retour du papa pour savoir …

Le papa est rentré au début de mon 5eme mois de grossesse. Tant que nous étions chez mes parents, la cohabitation se passait bien. Il ne buvait qu’une bière par jour sur laquelle je fermais les yeux en me disant que ce n’était pas très grave. Comme il avait perdu son permis de conduire, je devais l’emmener et le ramener du travail chaque jour. Ce qui me contraignait à me réveiller à 8 h30 et à me coucher à plus de deux heures du matin car il était serveur. J’avais perdu 14kg.

En novembre, à la veille de mes 7 mois de grossesse, nous déménagions dans un appartement t3 au 4ème étage sans ascenseur. J’ai été alitée, sur avis médical, car mon col était ouvert à plus d’1.5cm. Je devais donc prendre énormément de repos et éviter les efforts mais le papa de mon fils considérait que puisqu’il travaillait, ce n’était pas à lui de faire le ménage dans notre appartement. J’ai donc dû m’occuper des tâches ménagères de la maison, malgré mes contractions.

En janvier, à 36 sa, j’ai eu de nombreuses contractions et de la tachycardie. Mon pouls était à 140 pulsation/minutes. En février, rendez-vous avec la gynécologue. Je l’ai presque supplié de m’accoucher le lendemain. Elle a suivi ma demande et m’a donné rendez-vous le lendemain pour provoquer mon accouchement.

Le jour de l’accouchement, je me suis réveillée à 6 heures. Après un appel à la maternité pour confirmer le rendez-vous à 7 heures, mon père est venu me chercher. A 8h30, je suis placée sous monitoring, aucunes contractions. A 10h, j’ai été installée en salle d’accouchement, sous perfusions pour déclencher l’accouchement. A 11 heures, on m’a mis sous péridurale. A 11h15, rupture de la poche des eaux. A 17 heures, j’étais à 10 centimètres. A 19h45, je commence à pousser. A 20h01, j’avais enfin mon bébé dans les bras.

Après 8 jours de maternité et 47 points de suture (!), j’ai pu enfin rentrer chez moi.
Le jour du départ de la maternité, le papa de mon fils est arrivé avec le berceau du bébé à la place du cosy. Le retour à la maison a donc été stressant. Mais c’est rien par rapport à ce qui m’attendait à l’appartement.

L’appartement ressemblait à un vrai squat: vêtements sales par terre, de la nourriture au sol, bières renversées partout, forte odeurs de tabac… bref une catastrophe

La séparation :

Trois mois après la naissance de mon fils,  une grosse dispute a éclaté avec le papa. De peur, et d’angoisse, j’ai fini par le mettre dehors.
Un petit résumé des frayeurs que j’ai eues:
– Quand mon fils avait 10 jours, le papa a profité que je dorme pour prendre le petit dans ses bras, alors qu’il était vraiment ivre. Heureusement, je me suis réveillée à temps j’ai récupéré mon fils de ses bras. Le papa s’est alors écroulé dans le couloir et a dormi comme ça, par terre. Le lendemain matin il ne se souvenait de rien.
– Quand loulou avait 2mois le papa buvait environ 3 litres de bière par soir et il devenait super violent dans ses paroles, méchant et blessant
– Quand mon fils a eu 3mois monsieur a refusé de venir avec nous au zoo de Beauval comme c’était prévu depuis ma grossesse.  La veille il s’est finalement décidé, mais par manque de place dans les voitures, il n’a pas pu venir. Il a donc passé sa journée à boire de la vodka. A mon retour; il était ivre et de très mauvaise humeur, je suis donc resté avec mon fils chez une amie.
– 1 semaine après il a jeté un verre par terre, après avoir bu une bouteille de whisky, car je ne voulais pas me taire, comme il me le demandait.
– Le lendemain, il devait rentrer à 18h, mais pas de nouvelle. Il est finalement rentré à 4h du matin, d’humeur très agressive. J’ai dû appeler la police car il m’a menacé avec violence dans ses propos. Il a menacé de me tuer ou de mettre le feu à l’appartement avec nous dedans, si je le mettais dehors, et si je l’empêchais de voir son fils. J’ai alors pris mon fils qui dormait dans sa chambre et je l’ai ramené avec moi dans mon lit de peur de ne pas le retrouver à mon réveil.
Le lendemain, j’ai déposé une main courante pour menaces de mort sur moi et mon fils, puis j’ai changé les serrures avec des amies. J’ai demandé au papa de mon fils de ne plus revenir… La date exacte je ne saurais la dire car j’ai essayé d’effacer ce jour de ma mémoire, mais c’était début juin… Cela fait un an maintenant et son comportement a eu des hauts et des bas mais après un an, on est retournés à la case départ.

Aujourd’hui mon quotidien est assez répétitif, étant au chômage, je m’occupe de mon fils au rythme de ses siestes.
à 9h00 je me lève et prépare le biberon de mon fils
à 9h30 je réveille mon fils et il boit son biberon dans mes bras
à 10h/10h30 je recouche mon loulou
à 10h30 je fais mon ménage
à 11h00 je prépare le repas
à 11h30 je lève mon fils
à 11h45/12h30 je donne à manger à mon loulou
à 13h/13h30 je mets mon fils au lit ( dès qu’il se frotte les yeux et réclame sa tototte)
à 13h30 je mange
à 16h je prépare le biberon de mon loulou
à 16h30 je lève mon fils  et lui donne le biberon dans son siège
de 17h à 18h30 mon loulou joue dans le salon
à 18h30 je prépare le repas (souvent des pattes)
à 19h30 on mange ensemble
à 20h/20h30 je mets mon loulou au lit et soirée détente jusqu’à ce que j’ai sommeil ( généralement pas avant 1h du mat)

Vivre ma grossesse seule a été psychologiquement  très dur .Heureusement que ma famille et mes amis m’ont soutenue même si aujourd’hui ma famille me fait payer le prix de mon choix de garder mon fils…  Ils sont contents d’avoir mon fils parmi nous mais je leur ai imposé mon choix alors que ma situation était précaire.
Mes amis me soutenaient, au début, et certains sont encore auprès de moi mais très peu… Beaucoup d’entre eux ont fini par en avoir assez de me voir avec des cernes, de refuser des sorties car fatiguée, et beaucoup n’ont pas compris ce qu’impliquait le fait d’être mère célibataire.
J’habite dans un hlm de 63m² au 4ème étage, sans ascenseur. J’ai donc décidé de tout changer dans ma vie, une nouvelle fois.

Je pars dans quelques semaines dans un autre département rejoindre d’autres mamans célibataires. Une maison de 89m²  m’attends et un emploi car ma situation financière devenait difficile.

Entre mes indemnités de chômage, l’allocation familiale et mes APL (850+182=1032) par mois, il me reste 200 euros pour la nourriture et 150 euros pour les produits de soins et la santé. A l’heure d’aujourd’hui, seulement 5 jours après avoir reçu ma paye, je ne dois plus rien acheter…